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Le Souffle

Le public déambule dans un lieu à la fonction ambiguë, oscillant entre espace d’exposition et habitat. Dès la première salle, sont posés les éléments d’un scénario : un décor d’appartement où vivrait un célibataire, un mobilier modeste agrémenté d’objets banals ou insolites, aux couleurs passées, d’une époque difficile à situer. La pièce révèle l’intimité d’un locataire absent, ses résidus, ses trouvailles, son désordre. Vide et obscure, la pièce adjacente touche aux limites du visible. Ce passage au noir s’accompagne d’un bruit continu, une boucle dont le volume augmente à mesure que l’on progresse dans l’espace. La troisième pièce, réplique en miroir de la première, fait vaciller le confort des apparences. Le temps est suspendu, les détails se répètent à l’identique.


Dans la dernière salle, prend place 4h33, une sculpture « lavabo-fontaine » dont le système d’écoulement, en boucle, définit l’air de rien, une temporalité infernale, semblable à l’état d’insomnie évoquée par son titre.

L’œuvre semble être la description d’un cauchemar : une eau qui s’écoulerait perpétuellement sans but avoué, une source intarissable dont on connaît pourtant les limites. Fonctionnant à l’inverse du goutte-à-goutte, 4h33 désigne à la fois un espace du rêve éveillé, de l’oubli apparemment anodin, mais aussi une logique d’auto renouvellement à rebours de toute rationalité, révélant par là même l’absurdité de nos usages. 

 

Par le détour de l’artifice et du décor, Jonathan Loppin interroge notre rapport au monde du visible : il rétablit les vases communicants entre l’ici et l’ailleurs, entre hier et demain. Il se joue de nos certitudes et nous invite à une expérience temporelle entre la latence, la coïncidence et la répétition, comme cette installation, dans le couloir, qui ressemblera peut-être au miroir de chacun, déformé par ce parcours.

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